Madame la
Présidente, Mesdames, Messieurs, Chers Amis, je vous remercie de m’avoir invité ce
soir et de me faire l’honneur de clôturer cette soirée, particulièrement
importante pour moi, puisqu’elle célèbre le premier anniversaire de votre
association. Cela fait plusieurs années que je pense qu’une association comme
Equilibre A.T.B est nécessaire et maintenant je suis heureux qu’elle existe et je
suis impressionné par le travail déjà réalisé.
Pourquoi une association comme la vôtre me
paraît indispensable. Durant ces vingt dernières années, la conception des maladies
mentales a beaucoup changé, ceci sous l’effet de plusieurs facteurs. Les
découvertes scientifiques apportent une meilleure compréhension du fonctionnement du
système nerveux et développent de nouveaux traitements qui deviennent de plus en plus
efficaces. En effet, ces progrès permettent de mieux cerner au niveau du cerveau
l’origine des maladies psychiatriques. Bien qu’il ne soit pas encore possible de
les localiser précisément en raison de la complexité du fonctionnement de cet organe,
ils nous autorisent à mieux distinguer ce qui ressort directement de la maladie de ce qui
dépend de la personnalité. Ce point me paraît particulièrement important, notamment
dans les troubles bipolaires. Si l’on parvient à faire cette distinction, les soins
seront meilleurs. Par exemple, si un soignant confond l’irritabilité induite par une
phase maniaque avec la personnalité du patient, les négociations avec ce dernier
deviennent plus difficiles. En revanche, si le soignant et le patient parviennent à faire
cette différenciation, ils peuvent en parler et dès ce moment avoir moins
d’appréhension l’un pour l’autre. Le soignant craindra moins d’être
agressé et le patient aura moins peur d’être victime du traitement qu’il
trouvera abusif, comme par exemple être enfermé.
Si les traitements se sont améliorés, ils
restent cependant astreignants et pénibles. Le traitement prophylactique que ce soit le
lithium, la dépakine ou le tégrétol nécessite un effort quotidien. Cet effort
n’est possible que dans un partenariat où le patient et le soignant peuvent
partager, échanger leurs connaissances ou leurs expériences. Ce partage
d’informations est essentiel au bon développement des traitements tant
pharmacologiques que psychologiques. Ces dernières années un certain nombre de pas
importants ont été réalisés dans le cadre d’études qui se sont intéressées au
vécu et au savoir faire des patients. Toutefois, l’un des problèmes relève de la
pratique quotidienne qui souvent évolue moins rapidement que les connaissances
scientifiques. C’est là, à mon avis, que vous avez un rôle majeur à jouer, en
rappelant aux soignants (médecin, infirmiers, assistants-sociaux) que vous êtes des
personnes à part entière avec des droits et des devoirs. Dans le cadre de la gestion de
la maladie, vous devez faire valoir votre rôle de partenaire, car c’est seulement
avec votre participation active que le traitement et les soins peuvent être efficaces.
Vous avez également un rôle majeur à jouer dans la démystification des maladies
mentales et l’humanisation des soins. Ensemble nous devons collaborer pour trouver de
meilleures solutions aux problèmes de santé que vous rencontrez. C’est pourquoi une
association comme la vôtre est essentiel au développement de la qualité des soins.
Merci de votre attention.
Jérôme FAVROD |
