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La schizophrénie dun sexe à lautre
Ivan O. GODFROID, MD
On parle de
plus en plus en psychiatrie des différences intersexuelles que présentent les affections
mentales. Celles-ci peuvent avoir trait à la symptomatologie, lhistoire naturelle,
la réponse au traitement, ou tout simplement à la fréquence de la maladie. La
schizophrénie néchappe pas à la règle : si sa prévalence est identique
dans les deux sexes, il existe de nombreuses variations entre les hommes et les femmes qui
en sont atteints.
En premier
lieu, lâge de début de la schizophrénie est plus précoce dans le sexe
masculin : en moyenne de deux à dix ans. Mais il existe une forme à début tardif
(vers 40-45 ans) qui est par contre deux fois plus fréquente chez la femme. Le pronostic
de la maladie est toutefois demblée meilleur chez la femme, car elle présente plus
fréquemment des formes moins graves (les types " paranoïde " et
" désorganisé "), mais aussi parce quelle a plus de symptômes
dits " positifs " (hallucinations, idées délirantes par
opposition à indifférence et repli sur soi), et que ce type de symptôme répond mieux
au traitement neuroleptique. Létude morphologique du cerveau de patients
psychotiques indique par ailleurs que les hommes ont un taux danomalies anatomiques
significativement plus élevé que les femmes. Enfin, toutes ces constatations se
confirment au niveau de la vie sociale des malades : à sévérité égale, les
femmes présentent moins de répercussions de leur affection que les hommes sur la
qualité de vie. Elles finissent ainsi plus souvent leurs études, trouvent un emploi, se
marient, et mènent une vie affective et sociale plus équilibrée que les hommes.
Un autre
volet important des différences intersexuelles liées à la schizophrénie touche la
réponse et la tolérance au traitement. Les neuroleptiques
" classiques " (chlorpromazine, pimozide, etc.) sont plus efficaces
chez la femme : elle a besoin de plus faibles doses que lhomme, et ce, tant
dans la phase aiguë de la maladie que dans la prévention des rechutes. La femme répond
aussi plus rapidement au traitement. En ce qui concerne les molécules de la nouvelle
génération, nous possédons moins dinformations. Il ne semble pas exister de
différence pour certains produits (risperidone, olanzapine), alors que dautres
seraient plus efficaces chez lhomme (clozapine). La tolérance au traitement
neuroleptique est quant à elle moins bonne chez la femme. Lhyperprolactinémie
induite par les antipsychotiques a plus de répercussions et savère beaucoup plus
invalidante chez la femme. La fréquence des dyskinésies tardives post-neuroleptiques est
également plus élevée dans ce sexe. En outre, le cycle menstruel est susceptible de
provoquer les modifications significatives du taux sanguins des médicaments.
Lecture conseillée :
Ces
informations sont tirées dun livre de vulgarisation qui vient de paraître aux
Presses Universitaires de France : " La Psychiatrie de la Femmes ",
par le Dr I.O. GODFROID. Paris, P.U.F (Collection " Médecine &
Société " n° 9), 1999 [127 pages, 55FF, ISBN : 2 13 049814 0). Le
lecteur intéressé y trouvera un recueil complet des particularités féminines liées à
la détresse psychologique et la maladie mentale en général, ainsi que leurs
implications pratiques au niveau de la prise en charge des patientes.
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