Les associations de parents en Belgique
Deuxième partie :
Les associations de parents
Cet
immense gisement de malheur psychique et social constitué par la multitude des familles
de personnes souffrant de troubles schizophréniques, maniaco-dépressifs ou autres types
psychotiques, est étonnamment méconnu, même dans le monde médical et dans celui de la
santé mentale. Généralistes, psychologues, assistants sociaux n'ont pas été formés
à rencontrer ces situations qui demandent une approche toute spécifique.
Ce
sont des milliers de personnes qui sont quotidiennement méconnues, refoulées, laissées
à elles-mêmes, dans une souffrance morale, une inquiétude permanente et un stress
générateur de troubles somatiques ou psychiques. Quand ces personnes aboutissent enfin
à nos réunions, à nos formations ou encore lorsqu'elles téléphonent, elles ne peuvent
souvent retenir leurs larmes en nous disant : "C'est la première fois que l'on nous
entend".
Le
rôle social et thérapeutique de notre action est confirmé par les nombreux témoignages
de nos membres et maintenant reconnu par les services psychiatriques, qui informés par
notre périodique, ont engagé avec nous une collaboration constructive et nous adressent
les personnes dont le désarroi, la souffrance ou la révolte, les dépasse.
Notre
premier rôle est de permettre à ces personnes de parler, avec la certitude d'être
entendues sans être jugées. Elles découvrent qu'elles ne sont pas seules à vivre ce
genre de situations, ce qui intervient utilement dans le processus d'une
déculpabilisation indispensable. La prise en charge de ces personnes est poursuivie, pour
celles qui le désirent, et elles sont nombreuses, par une formation donnée en 9 séances
de 2 heures pour un groupe de 8 à 12 personnes.
Ces
séances portent sur la connaissance des troubles en question, sur les traitements, sur
les effets secondaires des médicaments, la bonne interprétation des comportements
dérangeants et la gestion des sentiments relatifs à ceux-ci. Ces séances ont également
pour objectif, d'apprendre à communiquer, à prendre de la distance, à avoir des
attentes réalistes, à retrouver une estime de soi, à reprendre goût à une vie et à
des activités personnelles, à s'entourer d'un réseau d'aide et à participer à
l'entraide commune.
Dans
la majorité des cas, l'effet de ces formations est spectaculaire. La personne malade se
sent mieux acceptée, mieux comprise dans ses difficultés à vivre; le niveau de stress
intra-familial est fortement diminué et une communication utile redevient possible. Les
statistiques américaines et canadiennes démontrent que ce type de formation peut faire
diminuer de moitié le nombre des rechutes. De plus, le contact entre les milieux
psychiatriques et les parents est amélioré, et des négociations pour trouver les
meilleures solutions de suivi thérapeutique et de réinsertion en sont favorisées.
Les
autorités politiques que nous tenons au courant de l'état de notre réflexion et de
notre pratique ne nous ont pas donné jusqu'à présent le sentiment qu'elles percevaient
l'intérêt budgétaire que représenterait la généralisation de cet encadrement des
parents.
Dans
la reconversion psychiatrique en cours, et au moment où de toutes parts, on insiste sur
l'intérêt de la prévention en matière de santé mentale, ils nous paraît que notre
expérience serait à prendre en considération.
Jusqu'à
présent, en Région wallonne, nous ne bénéficions d'aucune subsidiation. Tout repose
sur le travail de quelques bénévoles et sur les dons et cotisations qui parviennent à
peine à couvrir les frais engagés par ceux-ci.
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