TECHNIQUES
D'ENTRAINEMENT DES HABILETES SOCIALES Jérôme
Favrod / Genève
"Si
tu donnes un poisson à un homme qui a faim, il mangera un repas.
Si tu lui apprends à pêcher, il mangera pour le restant de ses jours."
Kuan-Tzer
Petit manuel en ligne pour
entraîner les habiletés sociales de personnes atteintes de troubles psychiatriques
sévères, suivi de deux petits exemples cliniques pour s’exercer.
IDENTIFIER LES PROBLEMES ET ETABLIR DES
OBJECTIFS
1. Définissez le problème interpersonnel avec la
personne
Quelles situations interpersonnelles sont problématiques?
Quelles situations la personne doit-elle maîtriser dans sa vie?
Où, quand et avec qui la situation a-t-elle lieu?
Que se passe-t-il actuellement dans cette situation?
Que fait la personne actuellement pour gérer la situation?
Quelles en sont les conséquences?
Aidez la personne à être spécifique.
2. Formulez une scène qui simule les caractéristiques de
la situation à entraîner.
Les buts de la situations doivent être :
Spécifiques et clairs
Fonctionnels et fréquents
Choisis ou souscrits par le patient
Réalisables et réalistes
3. Demandez à la personne quels sont ses buts à court et
long terme par rapport à la situation.
EVALUATION COMPORTEMENTALE
4. Engagez la personne dans un jeu de rôle.
Choisissez un partenaire pour le jeu de rôle.
Faites jouer la situation "à sec" .
Placez-vous de façon à pouvoir observer avec attention la performance de la
personne.
Félicitez les acteurs pour leur participation.
5. Identifiez les ressources, les déficits et les excès
dans la performance du patient.
Soyez attentif à la fois aux comportements verbaux et
non-verbaux.
Eléments à prendre en compte pour l’évaluation de
la performance
contact visuel
expressions faciales
signes de tête
gestes des mains
position
tonus corporel
ton et volume de la voix
débit de la parole
latence de réponse
signes verbaux d'expression de l'intérêt (mmh, ouais, etc.)
contenu
Afin d'évaluer la réception et le traitement des
informations, posez les questions suivantes:
Qu'est-ce que l'autre a dit?
Quelle était l'émotion de l'autre?
Avez-vous atteint votre but à court terme?
Quelles autres alternatives avez-vous pour gérer la situation?
Est-ce que cette alternative vous permet d'atteindre vos buts à court et à long terme?
(pour chaque alternative)
Quelle est l'alternative qui vous semble la plus raisonnable et qui vous permettra le plus
vraisemblablement d'atteindre vos buts? Pourquoi?
6. Faites partager en groupe les observations de chacun.
Demandez aux membres du groupe ce qu'ils ont aimé
dans la performance de l'acteur principal.
Evitez que les membres du groupe ne se critiquent entre eux.
Définissez les déficits en termes de ce qui peut être amélioré.
Evitez de définir les excès comme des ressources.
DONNER DES INSTRUCTIONS
7. Donnez des instructions spécifiques
Faites part de vos observations et donnez des suggestions
spécifiques pour améliorer la performance.
8. Faites démontrer une réponse plus effective
Choisissez une personne pour prendre le rôle du patient dans
le jeu de rôle et faites lui rejouer la situation comme modèle que le patient pourra
observer.
La performance du modèle ne doit pas être si parfaite que le patient ne puisse
plus s'identifier à lui.
9. Dirigez l'attention du patient sur les comportements
démontrés
Placez-vous près du patient et pointez son attention sur les
comportements cibles démontrés par le modèle.
FAIRE REPETER LA PERFORMANCE (PRATIQUE)
10. Engagez le patient dans une répétition du jeu de
rôle de façon à ce qu'il puisse prendre en compte les instructions données et la
démonstration du modèle
Donnez des instructions, des suggestions, des moyens
mnémoniques concernant les nouveaux comportements durant la répétition.
Soutenez la participation du patient.
11. Faites part de vos observations, et obtenez celles du
groupe, donnez de nouvelles instructions et faites présenter de nouvelles démonstrations
(voir points 6 à 10). Continuez les répétitions jusqu'à ce que le patient ait appris
les nouvelles compétences
REGLES GENERALES POUR L'ENTRAINEMENT
Procédez par approximations successives.
Appuyez-vous sur les ressources des patients.
Entraînez peu de comportements à la fois.
Faites des jeux de rôle brefs.
Adaptez-vous aux limites de la personne.
Soutenez et attendez-vous à des petites améliorations.
PROMOUVOIR LA GENERALISATION
12. Donnez des tâches à accomplir entre les séances
pour que le patient puisse pratiquer ses nouvelles acquisitions dans son environnement
naturel.
Sélectionnez une situation qui a des chances d'avoir lieu.
Donnez des tâches simples, tout spécialement au début.
Essayez de garantir un résultat durant les premières étapes de l'entraînement.
13. Lors de la séance suivante, revoyez la tâche à
accomplir. Si nécessaire, entraînez encore le patient.
14. Renforcez la généralisation des nouvelles compétences
dans l'environnement naturel.
Impliquez le patient dans l'établissement des objectifs.
Intervenez sur des comportements qui sont valorisés dans la communauté.
Conduisez les patients à corriger leurs performances par leurs propres
observations (vidéo).
Impliquez des personnes significatives pour soutenir la pratique de nouvelles
compétences (soignants, entourage, autres patients).
Faites des séances de rappel si nécessaire.
Entraînez l'auto-instruction et l'auto-évaluation.
Réduisez graduellement l'intensité et la fréquence de l'entraînement.
Simulez le plus possible l'environnement naturel dans l'entraînement.
Déplacez progressivement le cadre de l'entraînement dans la communauté.
Entraînez la résolution de problèmes.
Offrez ou dirigez les patients vers des groupes qui leur permettront de continuer
à pratiquer leurs nouvelles acquisitions.
FAIRE FACE AUX "RESISTANCES"
Etablir et maintenir une alliance thérapeutique.
Servir de modèle pour les participants (s'engager dans des jeux de rôle, accepter
les remarques, les compliments, etc... )
Comprendre les résistances comme le résultat des limites imposées à la personne
par la situation présente et non comme de la mauvaise volonté.
Définir les résistances comme des comportements coopératifs.
Donner des explications et orienter les membre du groupe sur l'entraînement.
Mettre en évidence les gains que la personne peut tirer de l'entraînement.
Souligner les comportements coopératifs et positifs et ignorer les comportements
résistants.
Reconnaître les craintes et les inhibitions sans interprétation psychologique,
élaboration, surprotection ou soutien excessif.
Annoncer à l'avance les difficultés sans les dramatiser et prédire les
résistances.
Commencer par entraîner des situations peu menaçantes.
RESISTANCE PAR RAPPORT AUX JEUX DE ROLE
Permettre l'expression des craintes avant les jeux de rôle.
Demander aux personnes qui ne veulent pas s'engager dans un jeu de rôle d'être
observateurs et de partager leurs observations.
Glisser progressivement dans le jeu de rôle.
RESISTANCE PAR RAPPORT A LA VIDEO
Familiariser les participants avec la vidéo, expliquer
comment fonctionne le magnétoscope, la caméra, quels sont les différents types de
cassette.
Montrer de l'aisance avec la vidéo.
Rassurer le patient sur l'usage subséquent des cassettes (cf. consentement
informé).
CONSEILS POUR LES PATIENTS ACTIVEMENT
SYMPTOMATIQUES
Donner des instructions brèves et explicites.
Utiliser des informations visuelles.
Raccourcir les séances, faire des jeux de rôle très courts.
Ignorer les comportements psychotiques mineurs
Encourager l'attention et renforcer les comportements non-psychotiques.
Proposer régulièrement des petites pauses.
Stimuler fréquemment l'attention en posant des questions, en ramenant le patient
à l'activité en cours.
Eviter la surstimulation en contrôlant et en réduisant les stimuli distrayants.
Ralentir le rythme de l'entraînement.
Favoriser l'auto-contrôle des symptômes psychotiques.
FAIRE FACE AUX INTRUSIONS
Donner à chaque membre du groupe une place, un temps de
parole, un rôle, etc... dans le groupe.
Ignorer les petites intrusions.
Donner des temps de parole précis au patient intrusif.
Utiliser les intrusions comme une occasion d'entraîner les compétences sociales.
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